Pour protéger une presqu'île à double tombolo marquée par l'érosion, la commune d'Hyères souhaite construire une digue immergée. Un projet qui questionne le rôle de l'intervention humaine sur l'environnement.
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Dans le sud-est de la France, à Hyères, une curiosité géomorphologique fait la renommée de la région. La presqu'île de Giens est l'une des cinq presqu'îles à double tombolo au monde. Un tombolo est un cordon littoral de sable ou de galets qui relie une île au continent. Entre les deux bandes de terre, les anciens salins d'Hyères abritent un écosystème riche. Cependant, cet équilibre est menacé, le tombolo ouest étant touché par l'érosion. Le prélèvement de sable dans le cadre de travaux au cours de l'histoire, la mise en place d'ouvrages lourds, la dégradation des herbiers de posidonie, conjugués à la montée du niveau de la mer, mettent en péril l'existence de ce site tel qu'il existe aujourd'hui.
Différentes mesures sont déjà mises en place depuis plusieurs années pour enrayer le phénomène. La route du sel, qui sillonne le tombolo ouest sur toute sa longueur, est fermée à la circulation automobile l'hiver. Les dunes détruites à chaque tempête sont reconstituées et consolidées par la pose de ganivelles venant protéger la végétation et participent ainsi au renforcement de la solidité du tombolo.
Mais ces solutions restent coûteuses et ne répondent pas durablement à l'érosion. C'est pourquoi la commune d'Hyères souhaite construire à un mètre de profondeur une digue immergée de 450 mètres de long implantée à 150 mètres des côtes. Ce projet divise toutefois les habitants et donne lieu à une confrontation de visions inconciliables engageant l'avenir du site dans son entièreté.
« On considère qu'une digue sous-marine à la frontière des herbiers de posidonie, c'est un impact certain sur l'environnement pour des résultats incertains », s'inquiète Benoît Guérin, du collectif Hyères Écologie citoyenne. Ce dernier déplore l'intervention humaine pour lutter contre des phénomènes naturels. De son côté, Pierre Laville, géologue et membre de France Nature Environnement (FNE), considère que la rareté de la presqu'île justifie d'étudier plus en détail le projet de la mairie : « La solution des digues immergées me semble avoir le plus de chances de réussir. Encore faudrait-il qu'un pilote soit mis en place dont on verrait les effets à relativement court terme. »
Pour l'heure, la proposition de la mairie d'Hyères reste à l'étude par les services de l'État qui ne se montrent pas prêts à délivrer l'autorisation de travaux. Tandis que la ville s'impatiente, le projet reste en suspens.
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