Depuis le temps que vous nous suivez sur Allo Trends, vous commencez à avoir l’habitude qu’on vous parle de la chaîne Youtube France 3 Bretagne, et de ses vidéos si virales qui font systématiquement parler d’elle sur le web, et même au-delà ! On est sûr que cette vidéo va vous intéresser, c’est bien pour cela que nous avons pris la décision de faire cet article.
Pour regarder la vidéo « Yoann an Nedeleg, l'obsession du uilleann pipes » (VO/VOSTFR) qui a été postée aujourd’hui par la chaîne Youtube France 3 Bretagne, cliquez sur la vidéo juste en haut. Vous pourrez ainsi la découvrir en streaming gratuitement directement sur notre site !
Cette vidéo fait actuellement le buzz sur internet et pourrait peut être se retrouver dans les tendances de Youtube. Elle a été publiée il y a quelques heures par le vidéaste de la chaîne Youtube France 3 Bretagne qui publie très régulièrement des vidéos similaires au contenu dont nous vous parlons aujourd’hui.
Grâce à Internet, on peut aisément parler aux vidéastes pour leur poser toutes les questions qu’on a en tête, ou bien même leur faire part de critiques (constructives s’il vous plaît!). Si vous souhaitez faire des retours au créateur de la vidéo, n'hésitez pas à contacter l’auteur en vous rendant dans la section “A propos” de sa chaîne youtube. Ou bien en tentant de le joindre sur ses réseaux sociaux tout simplement, c’est quand même bien pratique des fois twitter !
Normalement si vous êtes encore en train de lire cet article, c’est que la vidéo « Yoann an Nedeleg, l'obsession du uilleann pipes » (VO/VOSTFR) a dû vous faire plaisir et qu’on ne s’est pas trompé en vous incitant à la regarder. Nous croisons les doigts pour que vous reveniez très vite sur Allo Trends pour suivre les prochaines vidéos de France 3 Bretagne, pensez à aller faire un tour aussi sur Youtube pour trouver d’autres contenus exclusifs.
Nous on se retrouve très prochainement pour un nouvel article sur Allo Trends, à bientôt !
À titre informatif, vous pouvez retrouver ci-dessous la description de la vidéo « Yoann an Nedeleg, l'obsession du uilleann pipes » (VO/VOSTFR) publiée par la chaine Youtube France 3 Bretagne :
CLIQUEZ SUR LE BOUTON "SOUS-TITRE" POUR AVOIR LA TRADUCTION
Ar sizhun-mañ e vez skignet un teulfilm bet sevenet gant Ronan Hirrien, diwar-benn ur paotr yaouank sod gant ur benveg hengounel eus Iwerzhon : ar pib-ilin. Kontet a vo istor ar benveg-mañ war un dro gant istor ar Breizhad yaouank.
Cette semaine nous diffusons le documentaire réalisé par Ronan Hirrien, sur un jeune homme passionné par un instrument traditionnel irlandais : le uilleann pipes. Le film raconte l'histoire de cet instrument en même temps que celle du jeune Breton.
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Un jour, mon père a apporté
un disque à la maison,
"Pipedreams", de Davy Spillane.
C'était la première fois que j'entendais
le son doux et chaleureux du uilleann pipes.
Je devais avoir 13 ans
lorsque j'ai commencé à me prendre
de passion pour cet instrument.
L'obsession du uilleann pipes
Les premières fois où j'ai entendu du uilleann pipes,
ça me faisait voyager,
je me sentais léger,
comme si je volais en rêve.
Je ne savais pas à quoi ressemblait
cet instrument à l'époque,
mais le son qu'il produisait m'a mis
une sacrée claque quand je l'ai entendu.
Ça a été une sacrée découverte.
Mais d'où peut bien venir ce son ?
C'est aussitôt devenu une obsession.
Une maladie !
La musique de Davy a toujours fait partie
de ma vie, j'ai grandi avec sa musique.
L’idole de Yoann an Nedeleg, Davy Spillane, a
envoûté son public sur les scènes du monde entier
pendant une vingtaine d’années.
Mais au début des années 2000,
il s’est un peu retiré de la scène.
Il vit désormais dans le county Clare, la région
la plus réputée pour la musique en Irlande.
Parallèlement à son activité de musicien,
il est garde-côte.
Yoann appartient à une nouvelle génération
de joueurs de uilleann pipes en Bretagne.
Il se rend régulièrement en Irlande.
Il y a trois ans, il a eu la chance
de rencontrer Davy Spillane.
Et tous deux se sont même liés d'amitié.
Yoann, j'ai ton "chanter".
Il fonctionne beaucoup mieux maintenant,
il me plaît beaucoup.
Je vais l'améliorer encore.
Ce chanter est pour un autre musicien.
Comme le ré de derrière était un peu faible,
j'ai continué à le travailler,
je lui ai enlevé un peu de matière à l'intérieur.
- Maintenant il est très bien, je suis très content.
- Super, merci.
J'espère que tu le seras aussi.
Essayons-le.
Oui, vas-y.
Je vais l'essayer.
Fantastique !
C'est un très joli ré.
Très riche.
La note est plus claire.
- Je suis très content.
- Merci !
J'utilise un outil de l'atelier.
Après je le fais avec mes doigts, comme ça.
Tu fais comme ça avec ton doigt.
Il n'y a rien de dramatique.
Ça a l'air dramatique comme ça.
Je sais que tu t'inquiètes,
mais il ne faut pas.
C'est bon.
C'est une histoire incroyable
et drôle en même temps, car je n'aurais
jamais imaginé, lorsque j'ai commencé à jouer,
il y a quinze ans,
que je rencontrerais Davy Spillane.
J'ai tout mis sur la clé USB.
Je suis venu ici pour récupérer le chanter,
mais aussi pour te parler du concert
qui aura lieu à Rennes le mois prochain,
le grand fest-noz.
Donc j'ai écrit un morceau pour toi.
Pour moi ? Super !
C'est très gentil.
Écoute et si tu peux m'accompagner,
ça serait génial.
- Tu veux que je joue avec toi sur ce morceau ?
- Oui.
Je dois apprendre le morceau.
Fais-le si tu peux, pas de problème
si tu n'as pas le temps.
Pas mal... Est-ce qu'il y a une flûte
dans le coin ?
Ça joue en si, c'est ça ?
Oui, en si.
Ça, c'est la première partie.
Deuxième partie.
Troisième partie.
Et à nouveau la première partie.
C'est un morceau en deux parties et demi.
Yoann n'a que cinq ans lorsqu'il voyage
en Irlande pour la première fois.
Ses parents se sont rencontrés
au festival interceltique de Lorient.
Tous deux sont de grands amateurs
de musiques folk, bretonne et irlandaise.
Attachés à leurs racines,
ils scolarisent Yoann dans une école Diwan.
J'allais au fest-noz presque tous les samedis.
Je suis né dans ce milieu, mais ce n'est
qu'à 8 ans que je m'y suis intéressé,
j'ai d'abord voulu faire
de la cornemuse écossaise.
Je trouvais émouvant d'écouter
les bagadoù défiler dans les rues.
Ça me donnait des frissons.
C'était un sentiment très fort.
Le plus drôle, c'est que je n'ai pas joué
de cornemuse en fin de compte.
C'était trop cher, alors j'ai fait de la bombarde
dans le bagad de Saint-Brieuc.
C'est au début des années collège
que son père lui fait écouter Davy Spillane
et le uilleann pipes.
Au festival interceltique de Lorient, où ils sont
venus écouter les grands maîtres du uilleann pipes,
le père craque devant l'enthousiasme
du fils et lui achète son premier "practice set".
J'étais au collège Diwan de Plijidi
et je crois que le collège a été très important
dans mon histoire avec le uilleann pipes.
Le soir, quand je restais dormir ici
et qu'il fallait s'occuper,
ce que j'aimais, c'était partir dans mon monde,
dans ce bâtiment délabré.
J'étais dans une salle vide, qui résonnait,
il n'y avait personne autour.
J'avais mon Discman et j'écoutais
et réécoutais des morceaux de uilleann pipes.
Je voulais m'améliorer
avec cet instrument.
Chaque soir,
je plongeais dans mon monde.
C'était un monde d'adolescent,
certes, mais c'était le mien.
Tout le monde sait où se trouve l'Irlande ?
À côté de l'Angleterre.
En Irlande, les gens aussi aiment beaucoup
la musique, comme en Bretagne.
Ils ont inventé une cornemuse,
qui s'appelle le "pib ilin".
En anglais, on appelle cet instrument
"uilleann pipes".
"Uilleann", ça veut dire "coude" en irlandais.
Mais pourquoi le coude ?
Parce que le coude remplace les poumons.
On ne va pas souffler dans le sac,
mais l'air proviendra d'un soufflet.
Je peux imiter le canard quand je joue.
L'air arrive dans ce grand tuyau,
qu'on appelle chalumeau (chanter).
Répétez après moi : "al levriad" (le chalumeau).
Le chalumeau est justement la partie
la plus importante de l'instrument,
car c'est elle qui permettra
de jouer la mélodie.
L'air produit par le soufflet passe dans le tuyau
qui va jusqu'au sac et va dans le chalumeau.
Mais l'air va aussi dans cette partie-là.
Vous voyez que cette partie est bien complexe.
À quoi ça sert, alors ?
Sur chaque cornemuse qu'on trouve ici-bas,
il y a des bourdons.
Qu'est-ce qu'un bourdon ?
Ça sert à produire un son grave.
Il ne produit qu'un son, qui est continu.
Sur ce biniou, il y en a trois.
Vous avez entendu ?
Là, il n'y en a que deux.
Et maintenant, je vais en mettre trois.
Tout va bien jusque là ?
Ce n'est pas tout.
Les Irlandais sont des malins :
ils ont inventé les régulateurs.
Les régulateurs sont de petites clés,
on en compte treize.
Ce sont trois chalumeaux
comme le chalumeau principal.
Et cela sert à produire des accords.
Quand on fait fonctionner
tout l'instrument, ça donne ça.
Cette ingénierie particulièrement complexe
et prodigieuse, peu la connaissent,
pourtant son son, je suis certain
que vous le connaissez.
C'est lui qui vous a ému dans les films
"Titanic", "Braveheart" et tant d'autres.
Dans ces films historiques, le son du uilleann pipes
nous transporte dans le temps.
De toutes les cornemuses, le uilleann pipes
est celui qui s'insère le mieux
dans un orchestre symphonique.
Elle a un son doux
et offre une plus grande étendue de notes,
Elle semble capable d'arracher
des larmes au spectateur,
davantage que la grande
cornemuse écossaise.
Adolescent, Yoann avait chaque mercredi un
rendez-vous qu'il n'aurait raté pour rien au monde.
Loïc est l'un des meilleurs joueurs
de uilleann pipes en Bretagne.
Il a eu la chance de participer à différentes
aventures, notamment avec le groupe Glaz,
qui était assez connu dans les années 90.
J'écoutais beaucoup ce groupe
quand j'étais petit.
Loïc Bléjean a été mon premier
prof de uilleann pipes, j'avais 14 ans.
Il explique si bien les choses
que tout paraît très facile.
Il voit les choses si simplement
que c'est encourageant et motivant.
Parce que dans le milieu
des joueurs de uilleann pipes, on dit souvent
que c'est entrer en religion,
que c'est un instrument très compliqué,
presque impossible à pratiquer.
Et beaucoup de gens se découragent,
en fin de compte.
Loïc m'a prouvé le contraire.
Souvent, quand je partais de chez lui,
j'avais l'impression de progresser,
mais je me rendais compte aussi
que j'avais du pain sur la planche.
De tous ses instruments de musique,
Yoann préfère de loin le uilleann pipes.
Il vend même sa bombarde pour enrichir
son "practice set" de trois bourdons.
Il commence à en jouer sur scène,
accompagné d'une harpe ou d'un accordéon.
Le bac en poche, il s'inscrit
en fac d'histoire et de breton.
Il peut enfin acquérir
un jeu de régulateurs pour son uilleann pipes,
il a son "full set" !
Il accompagne le cercle celtique de Guingamp.
Parfois, il remplace son prof Loïc Bléjean
dans le groupe de fest-noz Carré Manchot.
En 2008, avec d’autres jeunes amis musiciens
professionnels, ils fondent leur groupe Skaramaka.
Le groupe Skaramaka,
qu'on a fondé en 2008
avait pour objectif de faire une musique
inspirée par nos racines bretonnes
et les codes de notre culture
avec la musique actuelle.
À ce moment-là, je ne savais
jouer que des airs traditionnels,
aussi j'ai dû m'adapter, chercher
une autre façon de jouer,
afin que le son de l'instrument
corresponde à l'esprit du groupe.
J'ai donc beaucoup travaillé
avec mes amis de Skaramaka
pour imiter des riffs de guitare
électrique, travailler avec la guitare basse
ou encore le chant.
J'ai eu du mal à trouver
ma place dans ce métissage musical électrique.
C'est venu petit à petit.
J'ai commencé à fabriquer des anches quand
j'étais adolescent dans le garage de mes parents.
Mais je n'y arrivais pas du tout,
car je n'avais ni les outils,
ni le savoir-faire.
Je m'y suis remis plus tard,
car j'en avais besoin professionnellement.
L'anche, c'est deux lamelles de bois
fixées à un petit tube métallique.
Elle est de taille ridicule,
mais c'est le cœur de l'instrument.
C'est sa voix en quelque sorte.
Cet instrument se compose de tuyaux,
c'est de l'ingénierie.
C'est de la mécanique, finalement.
Ce qu'on ne maîtrise pas encore, c'est la
fabrication des anches de façon industrielle.
Il n'y a pas de secret.
Je peux vous dire que quand on trouvera
une solution, tout le monde se réjouira.
Il n'y a que l'oreille, ce que l'on sent
au bout de nos doigts et notre regard
qui feront que l'anche s'harmonisera
avec l'ensemble de l'instrument.
On passe des heures et des heures
à gratter, à enlever de la matière au bois,
à poncer l'anche, à lui donner forme,
pour obtenir un résultat.
C'est un peu la quête du son,
du meilleur son qu'on puisse produire.
Quand on est si obsédé par ça,
le temps s'arrête.
Le danger, c'est que ça rend un peu fou.
Il m'est déjà arrivé de passer trois jours
sur la même anche.
J'étais à deux doigts de l'avoir terminée,
elle avait un son parfait.
Un son dont tout le monde rêve.
Elle était facile à jouer, elle répondait bien.
Les deux lamelles
vibraient parfaitement.
Elle faisait un beau son...
Et en un coup de cutter, tout le travail
est tombé à l'eau.
Tout a été gâché en une demie seconde,
parce que j'avais fait un geste de trop.
Aussitôt, je me suis écrié :
"Ce n'est pas possible !"
Il faut savoir que sur une dizaine
d'anches fabriquées,
il y a trois belles anches seulement.
Trois belles anches.
Les autres sont à jeter au feu.
Ce qui angoisse les joueurs de uilleann pipes,
c'est qu'on ne peut pas maîtriser une anche.
On ne peut pas savoir quand
elle ne vibrera pas bien.
Quelquefois, ça change de tonalité en fonction
de la température sur scène,
selon que l'air est humide
ou sec dans la salle.
Tous ces facteurs influent sur le son.
Pour toutes ces raisons, c'est obsédant,
car on ne peut jamais
maîtriser totalement une anche.
- Tu vas bien ?
- La pêche !
Quoi de neuf ?
Si Yoann va voir Ronan Olivier,
c'est parce que ce dernier
s'est spécialisé dans la fabrication
de uilleann pipes.
En Bretagne, ils ne sont pas nombreux.
De son côté, Ronan s'intéresse à l'expérience
d'un musicien professionnel.
Il faut s'armer de patience quand vous
commandez un uilleann pipes à Ronan.
Son carnet de commandes est plein
pour les années à venir.
Cela peut prendre entre quatre et six mois
pour fabriquer un instrument complet, parfois plus.
Il fabrique l'instrument d'un bout à l'autre, c'est
pourquoi il doit maîtriser beaucoup de métiers :
tourneur-fraiseur, plombier,
menuisier, couturier...
Je suis toujours fasciné par le travail
de Ronan au quotidien.
Depuis que je suis ado, c'est un rêve.
Je rêve de pouvoir faire ce qu'il fait.
Ce morceau, "Sliabh na bman", Yoann l'a joué
au sein du trio BEO, à Irish Rendez-vous.
Ce petit festival, créé en 2009,
est dédié au uilleann pipes.
L'enthousiasme des Bretons pour la musique
irlandaise ne date pas d'hier.
Il a grandi progressivement dès le lendemain
de la Seconde Guerre mondiale.
Ces deux joueurs de uilleann pipes
viennent régulièrement en Bretagne.
Ce sont les élèves de Leo Rowsome,
surnommé le roi des pipers.
En Irlande, Leo Rowsome se démène alors
pour sauver cet instrument
sur le déclin depuis un siècle.
Il donne des cours, des concerts,
multiplie les entretiens dans la presse...
Il noue des liens avec les fondateurs bretons
de la récente BAS,
la fédération des bagadoù,
qui enregistre même ses élèves.
Dès les années 60, des uilleann pipers irlandais
se produisent en solo aux fêtes de Cornouaille.
Si les albums de ces musiciens circulent
en Bretagne parmi les sonneurs de bagadoù,
aucun Breton ne se met encore
à l'apprentissage de l'instrument.
Il faut dire qu’en Irlande,
sa pratique est moribonde,
malgré les efforts déployés par Leo Rowsome,
Seamus Ennis ou Willie Clancy.
Un événement va véritablement marquer
la renaissance de l'instrument.
En avril 1968, une cinquantaine de pipers,
sur la centaine qu'on recense alors, se réunit.
Ils créent Na Píobairí Uilleann (NPU),
pour développer enseignement,
édition et concerts.
Au même moment, la musique bretonne
se renouvelle avec éclat, notamment à Paris.
Le bagad Bleimor de Paris
est l'un des trois meilleurs.
En son sein, Alain Cochevelou,
qui joue de la cornemuse
et qui fera bientôt carrière,
sous le nom d'Alan Stivell.
La région parisienne compte alors quelque
200 associations bretonnes ou cercles celtiques.
Parallèlement, la vague folk parcourt le monde
et ravive l’intérêt pour les musiques traditionnelles.
Des folk-clubs s’ouvrent à Paris,
dans lesquels des Irlandais viennent jouer.
Des musiciens bretons formés dans les bagadoù
s’intéressent davantage au répertoire irlandais.
La difficulté est alors
de se procurer un uilleann pipes.
Il ne reste plus que cinq fabricants
en Irlande et ils sont tous bien vieux.
Daniel Hervé et Alan Cloâtre fondent le groupe
Dremmwel. Ils veulent jouer du uilleann pipes.
Ils construisent alors leur instrument
presque tout seuls.
En 1973, les voilà sur la scène de Bobino.
L’année suivante, Alan Cloâtre accompagne
Alan Stivell pour son concert mythique
au National Stadium de Dublin.
Sur le morceau "Pachpi Kozh, pachpi New",
il joue du uilleann pipes.
Alain Le Hégarat trouve un uilleann pipes
à vendre à Glasgow, en Écosse.
Il enregistre "An Erminig", un vinyle où l'on
entend à la fois du uilleann pipes et de l'orgue.
L’Irlande est prise elle aussi
dans le tourbillon folk.
Le uilleann pipes, qui était souvent joué en solo,
trouve désormais sa place dans des groupes,
dont certains deviennent cultes,
tels The Chieftains, Planxty, The Bothy Band.
Ils se produisent dans des festivals bretons : celui
de Kertalg, à Moëlan-sur-Mer ou celui de Lorient.
Impressionné par Liam O'Flynn, des Planxty, Patrick
Molard s’engage dans le groupe breton Ogham.
C’est le début d’une longue carrière dédiée
aux cornemuses écossaise, bretonne et irlandaise.
Il est suivi par Ronan Le Bars qui,
tout au long des années 90,
sera sur scène avec L’Héritage des Celtes.
Un immense succès pour Dan ar Braz
et ses musiciens irlandais, écossais,
gallois et bretons embarqués dans l’aventure.
En 2009, pour son master de breton,
Yoann veut rédiger un mémoire
sur la transmission des musiques
bretonne et irlandaise.
Il obtient une bourse Erasmus pour passer
un an en Irlande, à Limerick.
Devenu professeur d’histoire et de breton,
le uilleann pipes reste au centre de sa vie.
Il obtient une disponibilité
et se paie une année en Irlande
pour se consacrer à l’étude
de la musique irlandaise.
Il reçoit l’enseignement des plus grands maîtres
du uilleann pipes, dont Liam O’Flynn.
Malheureusement,
Davy Spillane n’y enseigne pas.
C’est par l’intermédiaire d’un autre professeur,
Blackie O’Connell,
qu’il peut enfin rencontrer son idole.
Blackie O'Connell est un ami avant tout,
Il venait enseigner le uilleann pipes
tous les vendredis à la fac.
Toutes les semaines, il me disait :
"Il y a une super session samedi ou dimanche.
"Viens si tu peux et on t'invitera.
"Il faut que tu ailles écouter
tel ou tel musicien".
Ça a été très important pour moi,
car c'est grâce à lui que j'ai pu rencontrer des
musiciens très doués.
Et j'ai découvert l'Irlande
grâce à ses invitations aussi.
Je me rappelle, quand je jouais
à ses côtés, qu'il me disait :
"Écoute bien ce type, il est super doué,
regarde le rythme qu'il a et sa façon de jouer".
Il m'apprenait toujours des choses,
même en dehors de la fac.
C'était un plaisir d'apprendre des choses.
C'est quelqu'un de très généreux.
On appelle les chiens...
... ce qui affole les poules.
Voici les chiens qui s'élancent.
Les voilà qui poursuivent le renard.
Le renard est tué.
Cette chasse au renard
est une pièce historique.
Elle fut publiée vers 1806.
Le uilleann pipes est alors un instrument nouveau,
développé au siècle précédent.
Il est plutôt pratiqué dans les villes
et connaît un grand succès.
Les membres de Na Píobairí Uilleann
sont les héritiers de cette tradition.
Un style du jeu au doigté
bien articulé, détaché et posé.
Les musiciens Liam O’Flynn et Paddy Moloney
en sont des exemples.
Parallèlement à ce style, le uilleann pipes
s’est pratiqué parmi les gens du voyage.
Johny Doran en a été
la plus grande figure, au XXe siècle.
Dans sa caravane, avec sa famille,
il allait de ville en ville
pour jouer dans les foires
ou les courses de chevaux.
Son style rapide et passionné, au doigté
très ouvert, a influencé Paddy Keenan,
Davy Spillane ou Blackie O’Connell,
les modèles de Yoann.
Par le son du uilleann pipes,
j'ai appris la musique irlandaise.
Il y a quelques années, j'ai ressenti le besoin
de revenir à mes origines, à mes racines.
C'est à Limerick que j'ai eu le déclic.
Je me suis dit :
"J'ai été rechercher des savoirs
très loin, en Irlande,
"alors qu'il y a des richesses
pas loin de chez moi.
"Je ne suis même pas allé rencontrer
les maîtres qui habitent à côté."
- Salut Yoann !
- Comment allez-vous ?
- Je suis si heureuse de te voir !
- Merci.
Bon retour parmi nous.
Je n'arrive pas à croire que ça fait déjà
deux ans que tu as été diplômé.
Le temps file, n'est-ce pas ?
Allons-y.
Les étudiants t'attendent.
C'est un groupe très international.
Il y a un Brésilien, une Italienne,
quelques Canadiens...
Et même des Irlandais.
Ce que j'aimerais vous apprendre aujourd'hui,
c'est un air de ma famille.
Je vais essayer de vous apprendre une danse
célèbre en Bretagne, qui s'appelle "gavotte".
C'est l'équivalent d'un reel ou d'une jig.
Si vous jouez une gavotte en Bretagne,
vous serez très bien accueillis.
Là, pour ajouter un peu de groove,
vu que c'est un peu binaire, comme ça...
Si vous le jouez comme ça...
... c'est un peu mou.
Il faut y mettre plus d'intensité, comme ça...
C'est plus entraînant.
Le rythme sera celui-là.
Les Irlandais sont davantage attirés
par leur propre musique, c'est clair.
Ils ne sont pas aussi curieux
que les Bretons.
Ça leur paraît simple
d'apprendre un morceau breton,
parce que pour eux,
la mélodie est facile à retenir.
Seulement, la où ça coince,
c'est dans la façon de jouer,
dans la construction d'un phrasé,
d'un "phrasing" comme on dit en anglais.
Comment on arrange un morceau,
comment on donne un style à la mélodie,
pour permettre aux gens de danser.
C'est quelque chose qu'ils n'arrivent pas
à faire avec la musique bretonne.
Yann Peron est un grand-oncle
du côté paternel.
Youenn est le fils de Yann.
Youenn a vraiment fait
son travail de transmission,
car son père lui a transmis cette musique,
puis il me l'a donnée à son tour.
Je trouve ça généreux et beau,
car on continue à jouer cette musique.
Mon oncle Youenn et moi-même nous voyons
souvent pour jouer ensemble.
Comme ça, je continue de lui poser
des questions sur le répertoire
ou sur l'état d'esprit de son père.
C'est un travail de longue haleine.
On ne peut pas tout comprendre en une journée,
c'est pourquoi je fais des allers-retours.
Pour essayer de comprendre.
Plus j'apprends de choses,
plus mes questions se précisent.
Ce sont des morceaux qui étaient chantés, avant.
Le Centre-Bretagne était une région
de chanteurs et de danseurs,
donc il faut savoir danser.
Jouer de la bombarde ou du biniou m'aide
pour adapter le uilleann pipes à cette musique.
Comment rendre les ornementations
de la bombarde, les coups de langue,
détacher les notes...
... Comment faire tout ça sur un instrument
qui n'a pas été conçu pour cela ?
Rennes, novembre 2016.
Le fest-noz du festival Yaouank
tant attendu est imminent.
Davy a accepté l'invitation de Yoann
et va retrouver la scène.
Demain, ils feront danser
8 000 personnes.