Test de Halo Infinite : un gameplay exceptionnel sauve la mise

Test de Halo Infinite : un gameplay exceptionnel sauve la mise

Après un développement pas forcément facile, le mode campagne de Halo Infinite sort enfin de terre. L'attente en valait-elle la peine ? La stratégie de Microsoft a-t-elle porté ses fruits ? Réponse juste en dessous.

Lorsque Microsoft a publié les premières images de Halo Infinite, le jeu n'a clairement pas convaincu et avait conduit 343 Industries à prendre la difficile décision de reporter sa sortie. Les modifications à apporter pour convaincre à la fois les fans de longue date de la licence culte et un public totalement étranger à Halo étaient immenses et le Covid ne facilitait pas la tâche. Finalement, Microsoft a décidé de sortir son jeu de manière modulaire, avec un mode multijoueur gratuit déjà disponible depuis quelques semaines, un mode campagne qui sera disponible le 8 décembre, et il faudra attendre 2022 pour pouvoir s'attaquer au mode coopératif. Notre test se concentre donc sur le mode campagne, que nous avons pu essayer grâce à une version presse.

Après des épisodes très orientés blockbuster qui n'ont pas suscité l'enthousiasme, Halo Infinite propose un retour aux sources bienvenu. Toute la campagne se déroule sur un anneau, on retrouve les environnements typiques de la licence, avec des zones assez vastes et de grandes structures ennemies, dont certaines sont identiques à celles du premier épisode. L'arsenal est familier, agréable et le gameplay très satisfaisant. Bref, 343 Industries a compris le message et nous propose une expérience bien plus proche du premier épisode de la saga, et c'est une très bonne chose. Les vétérans seront ravis et les nouveaux venus pourront vivre une expérience modernisée sur de nombreux points (nous y reviendrons plus tard) d'un classique de la Xbox. Mais les nouveaux venus seront très vite confrontés à un problème assez gênant.

Toute l'action se déroulera sur un nouvel anneau et opposera le Master Chief, encore très marqué par la disparition de Cortana, aux Parias, un groupe de Covenants renégats qui veulent bien sûr prendre le contrôle de l'anneau à leurs propres fins. Si vous n'avez jamais joué à Halo et que vous n'avez rien compris à ce que vous venez de lire, sachez que le jeu ne vous en dira pas beaucoup plus. Avant même d'aborder la narration dans sa forme et son contenu, il me semble important de commencer par ce triste constat : Halo Infinite n'est pas du tout gentil avec les nouveaux joueurs, pour qui ce jeu sera le premier de la saga.

Il faut plusieurs heures pour que certains points nécessaires à la compréhension de l'action soient un peu plus clairs, et il est vraiment dommage que 343 Industries ait si peu insisté sur l'introduction à cet univers pour le néophyte. Avec le succès du GamePass, on peut s'attendre à ce que de nombreux curieux se lancent, et il faudra s'accrocher pendant les premières heures si l'on ne connaît rien à l'univers Halo. Pour ceux qui connaissent la licence, Halo Infinite est un jeu satisfaisant, car il sert bien la composante nostalgique, mais le jeu a des problèmes avec la forme de son scénario.

Si ce n'est pas un problème que le mode multijoueur soit sorti avant, ou même un peu frustrant que le mode coop n'arrive qu'en 2022, quand on voit de nombreux aspects du jeu prévus pour cela, il y a un point sur ce jeu en kit qui nous chagrine le plus : son scénario. Halo Infinite aborde des choses intéressantes, comme la relation du Major avec Cortana, et n'hésite pas à montrer un peu les sentiments cachés sous l'armure, et nous avons aussi droit à une touche d'humour avec la nouvelle IA. Les méchants sont assez intéressants, mais le fait que le jeu offre d'immenses zones de jeu fait que le rythme de la narration est très inégal, et de nombreux aspects de l'intrigue sont mis en scène de manière très banale, si bien que tout cela manque d'impact, et un petit twist aurait peut-être pu donner plus de dynamisme à l'ensemble.

Il faut vraiment attendre la fin du jeu pour vivre des moments vraiment marquants et inoubliables, mais le vrai problème, c'est que la conclusion n'est pas vraiment une conclusion. Quand on termine Halo Infinite, on a l'impression qu'il manque quelque chose, et quand on a terminé le jeu à 100 % (ce qui se fait en 16 heures, soit dit en passant), il n'y a pas d'histoire supplémentaire. Finalement, on a l'impression que le mode campagne n'est qu'une introduction à quelque chose de plus grand, qui sera développé soit dans un nouvel épisode, soit en plusieurs saisons, en lien avec le multijoueur et la coopération. En tout cas, la fin du jeu est très frustrante et l'intrigue de Halo Infinite suffit à satisfaire notre curiosité et à nous donner envie d'en savoir plus, sans pour autant être une merveille d'écriture.

S'il y a un point sur lequel Halo Infinite est impeccable, c'est sur le plan du gameplay. On y retrouve tout ce qui a fait le succès du premier opus, avec des armes différentes qui donnent une sensation incroyable, et une utilisation parfaite du trio armes, grenades et combat au corps à corps qui fonctionne toujours après tant d'années. Le système de vie/bouclier et de couverture fonctionne toujours, surtout parce que l'IA des ennemis fonctionne bien et offre, même en mode normal, un petit niveau de difficulté bienvenu qui permet de ne pas toujours foncer dans le tas comme un fou. On retrouve même la conduite fébrile où le moindre obstacle nous fait partir dans tous les sens, mais ce n'est pas grave car cela fait partie de l'expérience des premiers jeux Halo et 343 Industries l'a bien compris. Bref, le gameplay de Halo Infinite est génial et en plus de tout l'arsenal, nous aurons aussi un bouclier, un explosif, un détecteur et ... le grappin.

Le grappin mérite un paragraphe à part entière, tant il est ingénieux. On peut l'utiliser sur les ennemis pour foncer sur eux, sur un véhicule ennemi pour libérer le conducteur, ou sur un véhicule inutilisé pour monter directement à bord. Il sert aussi à se déplacer à grande vitesse dans le monde ouvert, et ceux qui ont joué à TitanFall (ou Pathfinder dans Apex) seront plus que satisfaits. Le grappin sert aussi à ramasser des armes au sol lorsque la sienne est à court de munitions, ou à attraper un projectile que l'on peut lancer sur nos ennemis. Bref, le grappin est omniprésent tout au long de l'aventure, que ce soit lors des explosions ou des combats, et c'est un vrai plaisir de l'utiliser. Honnêtement, il est difficile de revenir ensuite à un autre FPS quand on a pris l'habitude de l'utiliser tout le temps, partout et pour tout.

L'élément de monde ouvert était évidemment l'une des choses les plus fascinantes de ce Halo Infinite, surtout pour une licence qui, sans être un FPS avec des couloirs, a toujours été très dirigiste. Parler de cet aspect du jeu est aussi l'occasion d'aborder la qualité graphique du jeu de 343 Industries, et autant le dire, Halo Infinite n'est pas une merveille visuelle de la next-gen. Attention, les environnements sont loin d'être laids ! L'open world a un côté austère qui fonctionne bien et les structures Forerunner dégagent une aura mystique très stylée, mais on est loin de la vitrine technique que représente par exemple Forza Horizon 5, bien plus impressionnant graphiquement pour montrer le potentiel de la série X. À aucun moment cela n'empêchera de profiter de ce que le monde ouvert a à offrir, mais on ne vit pas vraiment de claque visuelle tout au long de l'aventure.

En ce qui concerne les activités, Halo Infinite propose quelque chose d'assez classique. Il y a des avant-postes à libérer pour des voyages rapides afin de prendre des véhicules, des chasseurs de primes à tuer pour obtenir des armes spéciales, des coffres contenant des objets cosmétiques ou des points de compétence pour améliorer les capacités du Major, ou encore des tours de propagande et des bases ennemies à détruire, et même des endroits plus secrets comme des crânes ou des artefacts de Forerunner à trouver. Bref, rien de bien nouveau, mais le grappin et le gameplay en général rendent l'exploration agréable et les activités ne sont pas ennuyeuses, même si elles n'offrent rien de nouveau. Chaque action nous rapporte des points de bravoure qui nous permettent d'améliorer nos avant-postes avec des soldats humains, des armes et des véhicules. Une bonne idée, mais qui est un peu trop peu exploitée.

Halo Infinite a un gros problème d'intrigue, que ce soit au niveau du rythme, des effets, de la conclusion ou même de l'accessibilité pour les nouveaux joueurs, et s'appuie beaucoup sur la corde nostalgique des vétérans de la licence. Ses graphismes sont sympathiques, sans plus, et son monde ouvert est très classique. Mais on pardonne très facilement ces défauts pour deux raisons. La première raison est que les choses mentionnées ci-dessus sont certes moyennes, mais jamais mauvaises ou catastrophiques. La seconde raison est que le gameplay est bien trop satisfaisant, que ce soit les armes et leur ressenti, les véhicules ou le divin grappin.