Le "Tinder des présidentielles" Elyze a fait une entrée fracassante dans cette campagne présidentielle qui commence. Pour ramener vers les urnes des jeunes qui se détournent de plus en plus de la politique, ses deux créateurs - Grégoire Cazcarra et François Mari - ont transposé le concept de Tinder aux idées politiques des différents candidats à la présidentielle. De swipe en swipe, l'application devait aider l'utilisateur indécis à se faire une idée plus précise pour son élection.
Elyze est accusée de favoriser Emmanuel Macron.
La semaine dernière déjà, un premier problème a été révélé sur Twitter. En effet, si l'on répond positivement en ligne à toutes les propositions, l'application présente le président en exercice sur la plus haute marche du podium. Cette inquiétude a fait réagir Jean-Luc Mélenchon.
Encore un tour tordu de l'application #Elyze
... Qui profite de ce mauvais tour ? Devinez quoi... https://t.Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) janvier 12, 2022.
Interrogé par Le Parisien, François Mari a expliqué : "Nous avions mis Emmanuel Macron en premier dans la base de données, il avait donc l'identifiant 1 et en cas d'égalité, Javascript (ndlr : le langage de programmation utilisé) le classe en fonction de ce chiffre, ce qui explique qu'il soit en tête".
Des données qui pourraient être très convoitées
Un autre problème, et non des moindres, est l'utilisation des milliers de données consultées depuis le lancement de l'application. Plus de 1,2 million d'utilisateurs ont téléchargé Elyze depuis son lancement. Ces données pourraient avoir une grande valeur dans la campagne qui s'annonce. Certains craignent même un épisode similaire à celui de Cambridge Analytica, qui a revendu les données de 87 millions d'utilisateurs aux équipes de Donald Trump, favorisant ainsi son élection en 2016.
Je lis des articles sur Elyze. Pas un seul, jusqu'à présent, qui évoque le risque que deux inconnus sans cadre puissent mettre la main sur l'une des bases de données probablement les plus puissantes de l'histoire politique française. Et que les partis politiques paieraient cher pour la détenir.
- François Malaussena (@malopedia) janvier 15, 2022
Et en effet, il y a un peu d'ambiguïté dans les conditions générales d'utilisation de l'application, puisqu'il y est écrit qu'ils peuvent "revendre des données d'utilisation, toujours anonymes, à des tiers". "C'est presque une base de données sur qui vote pour qui", explique de son côté au Parisien Mathis Hammel, expert en cybersécurité. "Ils disent qu'ils ne la vendront pas à un parti politique, mais il n'y a aucune garantie. C'est une base de données qui peut aussi être vendue au marché noir, c'est déjà arrivé. C'est dangereux", conclut-il.
La solution réside-t-elle dans un passage à l'open source ?
Les deux créateurs, respectivement âgés de 19 et 22 ans, se sentent aujourd'hui dépassés par l'engouement pour leur application et promettent de résoudre les problèmes soulevés. L'une de leurs solutions pour rassurer les utilisateurs serait de publier l'application en open source, afin que chacun puisse accéder au code source de l'application.
Le passage à l'open source est en cours, comme le confirme le cofondateur Grégoire Cazcarra à France Inter. "Nous pensons que c'est une bonne idée et nous y travaillons activement. Nous espérons y parvenir le plus rapidement possible. Nous sommes conscients de la responsabilité qui est la nôtre, puisqu'un million d'utilisateurs utilisent Elyze, et ce dans le contexte des élections présidentielles".
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