"Nous avons trouvé des choses étranges. On a trouvé des noms qui n'existent pas, un chien [rebaptisé "Douglas" pour préserver l'anonymat de son propriétaire] qui était inscrit sous le nom de son maître. On a trouvé des gens qui n'existent plus, des morts (...) Qui sont morts des mois, voire des années avant leur adhésion...".
Dominique Albertini, auteur d'une enquête pour Libération sur l'organisation de la primaire des Républicains, parue mercredi 23 février dans la journée, était l'invité de l'émission "C à Vous" le soir même. Le journaliste est revenu sur les révélations de son article, qui ont suscité de nombreuses réactions, dont celle de Valérie Pécresse.
"On a consulté le fichier des adhérents et on a trouvé un chien, des morts, des gens qui n'existent pas ou dont l'adhésion a été achetée. Et même des gens qui ne se souviennent pas d'avoir voté !"
à vous (@cavousf5) février 23, 2022
Les Républicains : une primaire truquée ? Explications de @dom_albertini ⬇️#CàVouspic.twitter.com/ScyQTW5qIG-C
"Ils ne sont membres que par le titre"
Sur scène, Dominique Albertini poursuit son énumération sous le regard curieux et attentif des chroniqueurs :
"On a trouvé des gens, on en parle moins mais c'est curieux, qui ne savent rien dire, ni sur leur parti, ni sur leur candidate, qui parfois ne parlent pas français, qui parfois se moquent de la politique ou des Républicains et qui nous disent, j'ai adhéré sur les conseils d'un ami, d'une association, quelqu'un m'a dit pour qui voter, quelqu'un a voté à ma place. Nous avons trouvé des gens qui savent qu'ils sont devenus membres, mais qui s'en fichent. Parce que quelqu'un est venu les voir et leur a dit : "Fais-moi plaisir, adhère". (...) Ils ne sont membres que par le titre".
Valérie Pécresse parle de "manipulation".
Invitée de l'émission "Face à BFM" le 23 février au soir, Valérie Pécresse, candidate issue de la primaire et qui avait fait appel aux services d'un célèbre comédien pour préparer ses discours, a réagi aux révélations de l'enquête de Libération.
"Nous sommes à 50 jours d'une élection où va se dessiner l'avenir de la France, et de quoi va-t-on encore parler aujourd'hui ? D'une manipulation, d'une déstabilisation grotesque", a-t-elle déclaré, agacée, sur le plateau de la chaîne d'information, quelques heures après les révélations de Libération. "On n'a pas que des amis quand on veut être président de la République, et ça n'empêche pas de diriger le pays", a-t-elle poursuivi.
La candidate, parrainée par Gérard Depardieu, a rappelé que LR avait décidé d'assigner Libération en justice. Elle affirme ainsi :
"Cette primaire, elle a été exemplaire, elle s'est déroulée sans aucune contestation".
Concernant le cas de "Douglas", le chien des Alpes-Maritimes qui, selon Libération, a rejoint le parti LR, Valérie Pécresse a évoqué une "blague" : "Qu'il puisse y avoir une blague dans une primaire, cela peut arriver. Mais cela ne remet pas en cause la sincérité du scrutin".
"Comment fait-on voter un chien ?", a demandé un chroniqueur à Dominique Albertini. "Je tiens à préciser que nous ne disons pas que le chien a voté, mais qu'il a adhéré au parti Les Républicains", a expliqué le journaliste. Bien sûr, nous avons adhéré pour lui".