Vote électronique : pourquoi n'est-il toujours pas autorisé ?

Vote électronique : pourquoi n'est-il toujours pas autorisé ?

Cette question est soulevée par de nombreux électeurs. En période de pandémie, elle se pose avec d'autant plus d'acuité que le vote électronique permettrait aux citoyens de voter sans avoir à se déplacer. Pourtant, ce système soulève de nombreuses questions

Les élections présidentielles auront lieu dans quatre mois, les 10 et 24 avril 2022. A l'approche de ce rendez-vous démocratique incontournable, de nombreux citoyens se posent une question simple : pourquoi faut-il encore aller voter physiquement ? Sur le plateau de Quotidien, le 25 novembre dernier, Nabilla a relancé ce débat en disant qu'elle ne comprenait pas que le vote électronique ne soit pas mis en place.

Quotidien La

quasi-totalité de la population a tout de même accès à internet. De nombreuses démarches administratives se font d'ailleurs exclusivement en ligne, comme la déclaration d'impôts. Enfin, certains estiment que le vote électronique pourrait faire baisser le taux d'abstention. Alors, à quoi s'attendre ?

L

'impact sur l'abstention n'est pas du tout garantiL'abstention

est devenue un véritable fléau. A chaque élection, de nouveaux records d'abstention sont établis. Il n'est pas rare qu'un candidat remporte une élection alors que moins d'un électeur sur deux a participé au scrutin. On pourrait penser que l'introduction du vote électronique permettra d'endiguer ce phénomène. Pourtant, rien n'est moins sûr.

Véronique Cortier, directrice de recherche au CNRS et spécialiste de la sécurité des protocoles de communication, rappelle que plusieurs travaux ont été menés à l'étranger sur ce sujet. La tendance générale de ces études suggère que le vote électronique n'a pas d'impact significatif sur la participation électorale.

En France, lors des élections législatives de 2012, les Français établis à l'étranger ont eu la possibilité de voter par Internet. Un rapport rédigé par des universitaires belges fin 2020 s'est penché sur le cas de la France. On peut y lire : "Le vote par internet n'a pas eu d'impact sur la participation électorale. Le vote par Internet a eu un impact négatif sur le nombre de bulletins valides. Il y avait peu de différences entre le vote papier et le vote par Internet.

"

Une détérioration de la solennité du

voteDans nos

démocraties représentatives, le vote est un rendez-vous civique très important. Il s'agit d'un acte solennel qui marque la participation à la vie citoyenne et démocratique de son pays. Dans ce contexte, on peut se demander quelles pourraient être les conséquences de l'introduction du vote électronique.

Ce mode de vote ne risque-t-il pas d'affaiblir la symbolique de ce moment crucial de la citoyenneté ? Cette question mérite d'être soulevée. Se rendre dans un bureau de vote n'a pas la même signification que de voter en quelques clics sur un site internet ou une application mobile, tout comme la consultation d'un site de VOD.

En 2007, le Conseil constitutionnel avait émis une mise en garde contre les machines à voter. Les Sages indiquaient alors que "leur utilisation rompt le lien symbolique entre le citoyen et l'acte de vote qu'avait tissé la pratique manuelle du vote et du dépouillement". Ces craintes sont encore renforcées dans le cas du vote en ligne, qui peut être effectué directement de chez soi.

Comment éviter les pressions ?

Dans l'isoloir, on peut être sûr que les électeurs votent comme ils le souhaitent, sans qu'aucune pression ne puisse être exercée par des tiers. Comment peut-on s'en assurer lors du vote électronique ? Il peut très bien y avoir des pressions si l'on dépose un bulletin de vote virtuel.

IsolementD'autres

questions devraient être posées, comme la possibilité d'acheter des voix. Imaginons que des citoyens qui n'ont pas l'intention d'aller voter mettent en vente leurs données de connexion. Les électeurs pourraient alors profiter de facto de plusieurs voix. Cela ne serait peut-être qu'un problème marginal, mais cela susciterait tout de même des doutes quant à la validité de l'élection et pourrait même, dans des cas extrêmes, modifier le résultat du scrutin.

Qu'en est-il de la transparence du scrutin ?

Dans un bureau de vote, il est facile de s'assurer de l'intégrité du processus électoral. Tout citoyen qui le souhaite peut observer le dépouillement des votes et même y participer. L'urne électorale est transparente. Les isoloirs sont conçus de manière à ne pouvoir accueillir qu'une seule personne. Enfin, des représentants des différents partis politiques peuvent être présents pour s'assurer que tout se déroule correctement.

Cette transparence est très complexe, pour ne pas dire impossible, à transposer aux élections en ligne. Il serait nécessaire d'ouvrir le code source de tous les composants qui jouent un rôle dans le comptage des bulletins de vote et la sécurisation du processus. Cependant, le fonctionnement des lignes de code et des algorithmes n'est pas compréhensible pour tout le monde.

Vous trouverez ci-dessous une liste non exhaustive des questions qui se posent dans le cadre de l'introduction du vote électronique. Cette modalité de vote n'est pas encore introduite en France et le sera probablement plus tard, car elle présente de réels enjeux démocratiques.

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