Corée du Sud : Qu'en est-il du terrorisme du sperme qui sévit dans le pays ?

Corée du Sud : Qu'en est-il du terrorisme du sperme qui sévit dans le pays ?

En Corée du Sud, le terrorisme du sperme est désormais très répandu. Cette méthode vise les femmes et pourrait bientôt être requalifiée d'agression sexuelle et punie par la loi. Mais en quoi consiste-t-elle et pourquoi est-elle de plus en plus utilisée ?

Partout dans le monde, les femmes doivent faire face à toutes sortes de violences dans l'espace public. Les formes de violence varient d'un pays à l'autre, mais sont tout aussi graves. Toutefois, dans certaines parties du monde, il existe des méthodes odieuses dont l'utilisation est très préoccupante. C'est le cas de la Corée du Sud, où est apparu ce que l'on appelle le "terrorisme du sperme".

Qu'est-ce que le terrorisme du sperme ?

Cette méthode est aussi simple que répugnante. Il s'agit pour un homme d'éjaculer ou de répandre du sperme sur des femmes ou leurs effets personnels dans le plus grand secret.

Ces derniers mois, de nombreux cas de ce type ont été portés devant les tribunaux. En raison d'un vide juridique, les auteurs ont pu s'en tirer avec des condamnations pour lesquelles le caractère de crime sexuel n'a pas été reconnu. Parmi ces cas, l'un est emblématique. En mai 2021, un homme a reçu une amende de 2.000 euros pour dégradation simple de biens après avoir éjaculé près de six fois en six mois dans le thermos d'une collègue. De cette manière, la loi a simplement décidé que l'utilité de l'objet avait été compromise, sans reconnaître les conséquences pour la victime.

Et elle est loin d'être la seule. Un peu moins de la moitié des cas de "terrorisme du sperme" se sont soldés par le même résultat, tandis que les autres cas ont été classés comme coups et blessures. Malgré cela, 53% des hommes qui ont été jugés ont été condamnés à des peines avec sursis.

Le souhait d'une modification de la loi pour le "terrorisme du sperme

Le "terrorisme du sperme", de plus en plus fréquent, a attiré l'attention des associations féministes sud-coréennes. Celles-ci ont décidé de faire pression sur le gouvernement pour que ces actes soient punis en fonction de leur gravité et donc reconnus comme des crimes sexuels. Pour qu'un acte soit considéré comme tel, il doit, selon la loi, impliquer une "intimidation" ou une "violence physique". Il convient de noter que les crimes sexuels en ligne et numériques sont également punissables.

De nombreuses personnes tentent donc de modifier la loi afin d'ajouter le "terrorisme du sperme" à la liste. Baek Hye-ryun, une législatrice du Parti démocrate au pouvoir, a élaboré plusieurs propositions de loi. Pour elle, il s'agit aussi de donner une reconnaissance aux victimes par cette démarche.

Il ne s'agit pas d'un acte de violence commis au hasard dans la rue, mais on vise un sexe en particulier", a-t-elle expliqué au Guardian.

Montée des masculinistes en Corée du Sud

Le développement du "terrorisme du sperme" intervient dans un climat de montée fulgurante du mouvement masculiniste en Corée du Sud. Il est composé d'hommes convaincus qu'il n'y a pas d'inégalité entre les sexes et que les actions féministes ne sont que de la misandrie (haine du sexe masculin). Ce mode de pensée devient majoritaire au sein de la population masculine du pays. Selon une étude, 80% des hommes d'une vingtaine d'années pensent que "le féminisme vise à la domination de la femme".

C'est pourquoi de nombreux groupes antiféministes se sont formés pour perturber les rassemblements d'associations féminines ou les manifestations. Dans ces dernières, le "terrorisme du sperme" n'est pas rare, tout comme les jets d'acide. Mais ce n'est pas tout. Ces groupes n'hésitent pas non plus à recourir au cyberharcèlement en publiant des informations personnelles sur des militantes.

Parmi ces masculinistes qui gagnent du terrain, on trouve le YouTuber Wangja. De son vrai nom Bae IngGyu, il se déguise en Joker et déverse sa haine des femmes sur le réseau social. En août dernier, il s'est filmé dans les rues de la ville de Daejeon. Armé d'un pistolet à haute puissance, il a tiré sur un petit groupe de femmes. Sur d'autres images, on pouvait l'entendre crier : "J'ai entendu dire qu'il y avait des féministes ici, je vais toutes les assassiner".

Malgré cette violence, des groupes féministes comme Haeil, créés en 2021 pour endiguer ce phénomène de radicalisation des hommes, continuent leurs actions en se couvrant le visage pour ne pas être reconnus. Ces mouvements contre la misogynie sont nécessaires et pourraient être de plus en plus attaqués à l'approche des élections présidentielles de 2022, où de nombreux candidats ont montré un penchant pour le masculinisme.

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