L'affaire sera jugée début mars par le tribunal correctionnel de Montpellier. Un homme de 28 ans est poursuivi pour agression sexuelle sur une mineure de moins de 15 ans. Ce sont les parents de Léa*, 13 ans, qui ont porté plainte.
"Nous nous sommes aperçus qu'il avait son numéro de portable".
"Depuis qu'elle est partie, il y a plus d'un an, nous ne pouvons plus dormir", confie la mère de Léa au Midi Libre, la voix étranglée par les sanglots. En fait, la jeune fille a quitté le domicile familial pour pouvoir vivre sa relation avec l'homme qui était son chauffeur de bus lorsqu'elle l'a rencontré. En tant que fille aînée du couple, qui habite près de Clermont-l'Hérault, l'adolescente prenait le bus tous les jours pour se rendre à l'école. C'est lors de ces trajets qu'elle a entamé une relation avec cet homme de 28 ans, sans que ses parents ne se doutent de rien.
"Lorsqu'il s'est invité chez nous, nous avons constaté qu'il avait son numéro de portable", se souvient la mère de Léa, pour qui cette relation n'avait aucune raison d'être. "Pour la protéger, ses parents ont commencé à l'emmener et à la récupérer au collège et lui ont confisqué son portable", raconte Gaspard Cuenant, l'avocat du couple.
Le chauffeur de bus, qui n'exerce plus ce métier aujourd'hui, n'a pas supporté d'être séparé de Léa. Il se met en colère et s'en prend directement au couple en leur menant la vie dure. Il est venu me plaquer contre le mur et m'a dit que ma fille lui appartenait et qu'il allait l'enlever et partir à l'étranger", raconte la mère. Ensuite, les quatre pneus de nos deux voitures et les deux pneus d'une remorque ont été crevés. Le panneau devant notre maison a été endommagé, la clôture grillagée a été coupée...".
L'auteur des faits a été repéré par des caméras à proximité de la maison et entendu par la gendarmerie. Les parents de Léa ont alors décidé de porter plainte contre lui fin septembre 2020. Malheureusement, l'affaire ne s'est pas arrêtée là.
"Il a fait tourner la tête de ma fille".
Le chauffeur de bus parvient à convaincre Léa de couper tout contact avec ses parents. "C'est un manipulateur qui a tourné la tête de ma fille, à tel point qu'elle a dit qu'elle ne voulait plus nous voir", rapporte la mère. Léa accuse son père et un de ses amis. Elle assure que ce proche de la famille l'aurait violée (aucune action en justice n'a été engagée). "Sa fille a même déclaré à un expert psychiatre que ses parents avaient toléré ces actes, ce qui est évidemment faux", explique Me Cuenant.
L'Aide sociale à l'enfance (ASE) prend néanmoins au sérieux les déclarations de l'adolescente sur son père et sa demande de placement. Le 6 novembre 2020, l'ASE m'a téléphoné pour me dire qu'ils allaient chercher ma fille au collège", a témoigné la mère. Quand je suis arrivée, elle n'était plus là".
"Peu de temps après, l'ASE a toutefois présenté un rapport indiquant qu'il n'y avait pas de danger au domicile de l'adolescente, a ajouté l'avocat. Sa sœur, de deux ans sa cadette, n'a pas été placée dans un foyer. Cela montre que le problème ne vient pas des parents. Alors que l'ASE met en doute "la capacité des parents à protéger leur fille", Léa, qui a été placée dans un foyer de l'ASE puis dans une famille d'accueil, pouvait en réalité voir son compagnon tous les jours. Plusieurs recours déposés par l'avocat de la famille restent sans suite. En mai 2021, le juge des enfants prolonge même le placement de l'adolescente d'une année supplémentaire, au motif que les relations avec les parents se sont détériorées.
Désespéré, le couple décide de faire appel à un détective privé pour prouver que leur fille voit toujours cet homme. "Nous avons constaté que l'homme voyait sa fille tous les jours et l'amenait chez lui. Il était évident qu'ils entretenaient une relation amoureuse", a résumé le détective.
L'homme, qui entretenait une relation avec Léa depuis plus d'un an, a été placé en garde à vue à la gendarmerie de Gignac le samedi 8 janvier. Bien qu'il ait contesté certains faits, il a été convoqué au tribunal début mars.
*Le prénom a été modifié.