Le terme "deuxième" pendant la Seconde Guerre mondiale signifiait normalement que ces grands conflits mondiaux du siècle dernier étaient terminés. Dans le cas contraire, il se serait appelé Seconde Guerre mondiale. Mais l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine cette semaine pourrait peut-être signifier que nous entrons dans un nouveau conflit d'envergure mondiale.
Une troisième guerre mondiale est-elle possible ?
Sur Twitter, les termes "WWIII", "World War 3″, soit "Troisième Guerre mondiale", font d'ailleurs partie des expressions les plus tweetées en France et dans le monde ce jeudi. Beaucoup d'internautes s'imaginent déjà, parfois avec une pointe d'humour, devoir partir au front, enrôlés de force dans l'armée, comme lors des deux premières guerres mondiales. En fait, ce n'est pas la première fois que le spectre d'une troisième guerre mondiale agite les esprits de cette manière. Déjà après le 11 septembre 2001, beaucoup se voyaient au seuil d'un conflit armé généralisé. Mais pour Carole Grimaud Potter, professeur de géopolitique de la Russie à l'université de Montpellier et à l'Institut diplomatique de Paris, interrogée par le Huffington Post, nous en sommes loin :
"Non, nous ne nous dirigeons pas vers une troisième guerre mondiale. Mais l'inquiétude est légitime et je comprends qu'on puisse se poser la question, il y a de quoi être très inquiet. Tout simplement parce que l'Ukraine ne fait pas partie de l'OTAN. Ainsi, la règle "un pour tous, tous pour un" ne s'applique pas ici, malheureusement pour eux et heureusement pour nous, c'est triste à dire".
Quelle sera alors la nature du conflit ?
Nous devrions donc nous rapprocher un peu plus de ce que le monde a connu pendant la guerre froide, dans la seconde moitié du XXe siècle. Si la Russie parvient à s'emparer de l'Ukraine comme elle le souhaite, elle aura beau jeu d'installer des bases militaires à proximité immédiate de l'Europe et d'exercer ainsi une pression soutenue sur le Vieux Continent et, plus largement, sur l'Occident. Mais aussi en Biélorussie, comme l'explique Carole Grimaud Potter :
"Une guerre froide n'est pas improbable. En prenant le contrôle de l'Ukraine, Moscou voudra équilibrer les forces, car la Pologne et les pays baltes disposent d'une infrastructure militaire. La Russie construira en Biélorussie des bases militaires et des équipements qui pourront être utilisés sur le sol biélorusse, y compris des armes nucléaires. Cela devrait se faire en l'espace de quelques mois. Nous pourrions revenir à la guerre froide telle que nous l'avons connue, avec des pressions et des menaces constantes".
Enfin, il ne faut pas oublier que la plupart des grandes puissances sont aujourd'hui équipées d'armes nucléaires, ce qui devrait en soi suffire à empêcher une éventuelle Troisième Guerre mondiale. Vladimir Poutine a d'ailleurs menacé à demi-mot de les utiliser en cas de réaction de l'Occident. Et le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a lui aussi rappelé que l'OTAN était une force nucléaire.